Dante 700 ansImages6. Béatrice

12 octobre 20210


Dans sa jeunesse, Dante porta un amour brûlant et sans retour à la florentine Beatrice Portinari rencontrée pour la première fois à l’âge de neuf ans lors d’une fête enfantine et dont il en fera plus tard l’objet d’un amour idéal. Dans les trois derniers chants du purgatoire, consacrés à l’arrivée de Béatrice qui vient accueillir le poète et le “préparer” au Paradis, Dante voit d’abord s’avancer une procession de bienheureux qui répandent des fleurs en chantant des cantiques, autour d’un char tiré par un griffon. Lorsque le char s’immobilise devant lui, une femme voilée, couronnée d’oliviers, sort alors du cortège et s’adresse à lui qui la reconnait sans la voir : Béatrice n’est plus la jeune fille de son enfance, son visage est sévère de reproches. Dante s’évanouit et se retrouve dans le Léthé, le fleuve qui traverse le Paradis terrestre et procure l’oubli.
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Béatrice s’adresse à Dante depuis le char, 1824. William Blake. Aquarelle sur papier. Tate Collection, Londres.

Après s’être évanoui, Dante se réveille immergé jusqu’au cou dans le Léthé avec Matelda (voir rubrique 5). Elle le soutient avant de le plonger sous l’eau du fleuve qu’il boit, puis le confie aux quatre nymphes qui symbolisent les vertus cardinales (Chant XXXI, 94-102).

Matelda plongeant Dante sous l’eau. Gravure de Yann Dargent, La Divine Comédie traduction de Jean-Alexis-François Artaud de Montor, 1879. Editions Garnier frères, Paris.
Dante rencontre Béatrice. Enluminure tirée d’un manuscrit de la Divine Comédie daté de 1450, conservé à la Bodleian Library, université d’Oxford.
Beatrice, Purgatoire XXX. 1961. Renato Guttuso. Aquarelle.

Protagoniste des premiers poèmes de Dante dans la Vita Nova et les Rime, Béatrice porte inscrit dans son nom son destin de transmettre la béatitude (bonheur) représentée et habillée le plus souvent avec les couleurs des trois vertus théologales – le blanc de la Foi, le vert de l’Espérance et le rouge de la Charité (couleurs du drapeau italien).

Entre 1959 et 1961, le peintre sicilien Renato Guttuso (1911 – 1987) réalise des centaines de dessins inspirés de la Divine Comédie dont 56 seulement seront publiés en 1970. Il élabore un projet qui ne représente pas le voyage de Dante mais ce dont il se fait observateur et chroniqueur en le transposant dans la contemporanéité des événements et des personnages de son temps.

Buste de Béatrice. 1965. Salvador Dali. Bronze, concrétions marines en or et pendentifs. Musée Dali, Paris.

Les petits cubes, polyèdres et pyramides ont été élaborés à partir de dessins de Léonard de Vinci. L’arrière du buste est creux, et contient une reproduction de la sculpture classique de Canova Amour et Psyché. Les lèvres sont marquées du chiffre 9, symbole récurrent dans l’oeuvre et la pensée de Dante.

Dans le dernier chant du Purgatoire, Dante boit l’eau du fleuve Eunoé qui redonne la mémoire du bien accompli. Comme le dernier vers de l’Enfer  (e quindi uscimmo a riveder le stelle) le dernier vers du Purgatoire se termine par puro e disposto a salire a le stelle: désormé purifié, il est prêt à suivre Béatrice vers le Paradis. Le 26 avril 1865, l’astronome napolitain Annibale de Gasparis (1819-1892) découvre un astéroïde entre Mars et Jupiter, qu’il appelle Beatrice Portinari.

Dante et Beatrice quittant la terre. 1450. Giovanni di Paolo. Manuscrit de la Divine Comédie, British Library, Yates Thompson, Londres.

Pour aller plus loin :

  • Sabine Audrerie. Sur les pas de Dante : Béatrice, femme unique. 2021. Article de La Croix, Paris.
  • Mario Caserini. Dante et Béatrice. 1913. Court métrage muet conserve au musée du cinema, Turin.
  • Dino Formaggio. Il Dante di Guttuso, 1970. Mondadori, Milan.
  • Etienne Gilson. Dante et Béatrice, études dantesques. 1974. Vrin, Paris.
  • Gabriel Monavon. La Béatrice de Dante, 1890. Littérature contemporaine, Evariste Carrance, Agen.
  • Dominique Savini. Béatrice, le dernier secret. 2008. Article du Corriere Fiorentino, Florence.

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La Divine Comédie vue par 15 artistes contemporains

Par Andrea Ciarlariello

En 2006, le Comité Dante de Foligno, sous la direction d’Italo Tomassoni et soutenu par la Municipalité avec la contribution de la Fondation de la Cassa di Risparmio di Foligno, a lancé un projet ambitieux.: demander à des artistes contemporains d’interpréter et d’illustrer la Divine Comédie,

Ont répondu à cet appel, 15 artistes représentants de la Transavanguardia, de l’École de San Lorenzo, de l’Anachronisme et de l’Hypermanierisme, qui ont produit pour l’occasion 3 ou 4 œuvres chacun.: Omar Galliani, Ivan Theimer, Bruno Ceccobelli, Mimmo Paladino, Giuseppe Gallo, Enzo Cucchi, Piero Pizzi Cannella, Stefano Di Stasio, Marco Tirelli, Sandro, Gianni Dessì, Nunzio Di Stefano, Emilio Isgrò, Giuseppe Stampone et Roberto Barni

Après avoir enchanté le public de Buenos Aires, où l’exposition a été présentée à l’occasion du 83e Congrès international de Dante ce corpus constamment mis à jour est exposé du 5 au 16 mars au Palazzo Firenze sous la coordination scientifique de Chiara Barbato et Valentina Spata avec le soutien du Ministère du Patrimoine Culturel et des Activités en collaboration avec la Municipalité et le Comité Dantesque de Foligno.

Selon le Secrétaire général de La Dante Alighieri, Alessandro Masi: « Dante représente un défi incontournable pour les artistes du XXe siècle : De Guttuso, qui a illustré toute la Divine Comédie, à Dali et Isgrò lui-même. Dante représente un point fondamental dans l’imaginaire : là où l’homme traverse le sacré. Que nous le voulions ou non, nous appartenons au sacré et c’est au sacré que nous revenons. Dante nous le rappelle. L’art ne peut s’empêcher de révéler le divin et, comme le dit l’exégète français Paul Beauchamp, de rendre l’insupportable supportable ».