Dante 700 ansImages1. Entrée au Purgatoire
Lorsque Dante écrit le Purgatoire, cette notion est récente pour l’Église (concile de Lyon de 1274) : les âmes des pécheurs peuvent être désormais purifiées par des peines purgatoires ou purificatrices dans un espace de transition. Dante place son purgatoire dans l’hémisphère austral de la Terre en lui donnant la forme d’une montagne isolée et escarpée. Elle a jailli de la mer lorsque Lucifer a créé le gouffre de l’enfer. En raison de son origine, le mont du purgatoire se situe à l’opposé de Jérusalem, le centre des terres émergées dans l’hémisphère boréal. La géographie du purgatoire s’articule en trois parties : l’anté-purgatoire, le purgatoire et le paradis terrestre.
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Le Purgatoire, maison de Dante, année et auteur inconnu. Florence.
Dans l’enfer, Dante et Virgile descendaient les corniches a sinistra. Ici, ils se retrouvent sur la plage du purgatoire et vont monter de terrasse en terrasse a destra. Dans cette ascension, les âmes des pénitents purgent les sept péchés capitaux (orgueil, envie, colère, paresse, avarice, gourmandise et luxure). Ils sont accueillis par un ange gardien qui leur oppose les sept vertus (l’humilité, la charité, la paix, le zèle, la justice, la tempérance et la chasteté). Au sommet, le paradis terrestre où Virgile quitte Dante, n’étant pas baptisé, il ne peut aller plus loin.
Le passage
Virgile prend Dante sur son dos et entame la descente agrippé à Lucifer. Lorsqu’ils parviennent à ses hanches et, ayant dépassé le centre de la terre, Virgile se retourne et s’accroche à ses poils comme à une échelle, «la scala col pelo». Ils atteignent ainsi les marches pour sortir et prennent le chemin creusé par le fleuve Léthé qui les conduira à la plage du purgatoire.
Don Simone Camaldolese (1378 – 1405)
Enlumineur italien d’origine siennoise, il est aussi un frère religieux de l’ordre camaldule (branche de l’ordre bénédictin) au monastère de Santa Maria degli Angeli à Florence. Le monastère possède un important et célèbre scriptorium mis en lumière par Vasari dans sa Vita di Lorenzo Monaco. Trois grands artistes font la réputation de ce scriptorium : Don Silvestro, le plus âgé, Don Simone Camaldolese et Don Lorenzo Monaco.
La première scène représente Virgile et Dante en mer vers le purgatoire, puis sur la plage où ils rencontrent Caton d’Utique (actuelle Tunisie), gardien du purgatoire qui les autorise à gravir la montagne. Dans la troisième scène, un ange arrive sur une barque avec les âmes repenties et dans la dernière, il inscrit sept fois la lettre P (sept péchés capitaux) sur le front de Dante.
François Lafon (1846 – 1929)
Peintre français, François Lafon nous présente Dante et Virgile sur la plage du purgatoire, dans le chant II, 28-30 (traduction Danièle Robert). Ce dernier s’adresse à Dante :
gridò : « Fa, fa che le ginocchia cali.
Ecco l’angel di Dio : piega le mani ;
omai vedrai di sì fatti officiali. »
Il me cria : « Plie le genou, allez !
Voici l’ange de Dieu : joins tes deux mains ;
tu reverras semblables officiers. »
Alfred de Curzon (1820 – 1895)
Dans ce tableau, le peintre français nous présente une vaste composition allégorique où Dante et Virgile observent la barque chargée d’un groupe de tout âge, conduite par un ange aux ailes largement déployées, chant II, 37-45 (traduction Danièle Robert).
« Poi, come più e più verso noi venne
l’uccel divino, più chiaro appariva :
per che l’occhio da presso nol sostenne, …
Da poppa stava il celestial nocchiero,
tal che parea beato per iscripto ;
e più di cento spirti entro sediero. »
« Au fur et à mesure qu’approchait
l’oiseau divin, plus brillait son éclat :
mes yeux ne le supportant pas de près, …
En poupe était le céleste nocher
tel que le bonheur en lui semblait inscrit
et plus de cent esprits l’accompagnaient. »
Pour aller plus loin :
- Danièle Robert. Dante Alighieri Purgatoire, La Divine Comédie. 2018. Traduit de l’italien, préfacé et annoté par l’auteur. Edition bilingue. Actes Sud, Arles
- Jacques Le Goff. La naissance du Purgatoire. 1991. Folio histoire. Gallimard, Paris
- Henri de Curzon. Alfred de Curzon, sa vie, son œuvre. 1916. H Laurens, Paris.
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